Charitables
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Présentation association : Confrérie Saint Roch des charitables de La Bassée
Les charitables en 1910 et en 2000
Informations : Objet de l'association : Donner aux morts de toutes confessions des funérailles convenables et ce gratuitement uniquement sur le territoire de La Bassée
Les Charitables accompagnent tous les défunts jusqu'au cimetière de la région. À Béthune, par exemple, ou La Bassée, tous les défunts sont accompagnés par des Charitables.
À l'origine de ces confréries, les épidémies de peste au Moyen Âge. « Les Charitables se chargeaient d'aller enterrer les nombreux morts. Ils portaient un bâton pour qu'on ne les approche pas », raconte Jean-Marie Werquin (qui était à la tête depuis 29 ans et en devient le doyen).
Laïcs : Aussi fou que cela puisse paraître, la tradition a traversé les âges. Et prend aujourd'hui une autre dimension. « Aucun corps ne doit entrer dans le cimetière sans les Charitables, énonce le prévôt. Nous sommes aussi la famille de ceux qui n'en ont pas, pour certaines personnes seules en maisons de retraite. » Les Charitables ont aussi un rôle d'accompagnement à l'heure où l'Église compte de moins en moins de prêtres (lire ci-contre). Car comme le souligne malicieusement Jean-Marie Werquin : « Les gens ne vont pas à l'Église mais quand arrive le deuil, ils ont l'impression que s'ils ne passent pas par l'Église, ce n'est pas un enterrement. » Quand quelqu'un décède, ce sont donc des membres de la confrérie qui vont voir les familles, pour établir le déroulement des cérémonies : prières, chants, etc. Mais leur rôle va bien au-delà. « Même si 90 % des enterrements sont religieux, nous accompagnons aussi les cérémonies civiles.
Nous ne demandons jamais la religion, car nous sommes laïcs (...) Notre message auprès des familles, c'est qu'elles ne sont pas seules à supporter la douleur.
Nous sommes présents : On ne laisse pas les personnes entrer seules dans ce grand terrain. » Jean-Marie Werquin, 75 ans, a intégré la confrérie il y a vingt ans parce que « j'ai toujours aimé m'occuper des autres. Au début, ce sont des moments très difficiles. Et puis, on s'y fait. On ne peut pas prendre le malheur de tout le monde ».
Poème ou prière : Pour n'oublier strictement personne, les Charitables font aussi ce qu'ils nomment des « sorties de corps » en lisant un poème ou une prière (selon la confession) pour ceux qui vont être enterrés dans les communes voisines mais reposent à la maison funéraire de La Bassée.
Les 25 membres de La Bassée font une centaine d'enterrements par an. Ils sont tous bénévoles. « Nous ne sommes pas payés mais comme les pompes funèbres n'ont pas besoin de rémunérer des porteurs, elles demandent parfois un don aux familles, explique Jean-Marie Werquin. Ce qui permet de faire vivre l'association. » La confrérie des Charitables serait née à Béthune en 1188. La ville compte aujourd'hui une centaine de Charitables. En tout, il existe 49 associations dans le Pas-de-Calais et une dans le Nord (La Bassée). On en trouve également en Normandie, en région parisienne et en Belgique.
(Réf: La Voix du Nord du dimanche 01 novembre 2009)
Histoire de la fondation : En 1188, une épidémie de peste dévaste l'Artois et les Flandres. Par peur de la contagion, personne ne souhaite ni soigner les malades, ni enterrer les morts. Les habitants s'amassent dans les églises et prient le protecteur local, saint Éloi, dernier recours imaginé pour arrêter la progression de la maladie. C'est alors que deux maréchaux-ferrant, Gautier et Germon, respectivement habitant de Béthune et de Beuvry, voient apparaître saint Éloi dans leur songe. Il leur demande de se rencontrer à la source de Quinty, située à la limite des deux communes, le jour de la saint Matthieu (le 21 septembre) afin de fonder une « karité » (charité ou confrérie).
La confrérie des charitables de Saint-Éloi est alors fondée grâce au soutien de Robert V de Béthune et du moine Rogon. Elle se charge de donner du pain aux pauvres, des soins aux malades, de consoler les mourants, d'ensevelir les morts et de leur donner une sépulture. Gautier et Germon sont bientôt épaulés par des habitants des deux villes et bien que la peste disparaisse grâce à leur action, les karitaules décident de continuer leur mission.
Au XIIIe siècle, les charitables décident d'édifier, près de la source de Quinty, la chapelle Saint-Éloi des Champs. Ce monument verra accueillir, au fil des siècles, de nombreux pèlerins, venus non seulement de France mais également de toute l'Europe.
Durant la Révolution, la confrérie fut officiellement dissoute le 15 fructidor de l'an V (en 1797), mais continua son action dans la clandestinité jusqu'au 20 floréal de l'an X (1802) où elle fut de nouveau autorisée.
Le 21 septembre 1853, l'évêque d'Arras, Mgr Pierre-Louis Parisis, demande à la confrérie de se soumettre à la tutelle de l'Église ou de se dissoudre. Elle refuse et devient, dès lors, laïque.
Les coutumes de la confrérie : La « procession à naviaux » a lieu chaque année, en septembre, le dimanche suivant la Saint-Mathieu, au parc Quinty à Beuvry, lieu de la rencontre originelle de Germon et de Gautier, les deux fondateurs des Charitables. Le nom « naviaux » de cette cérémonie, signifie navets. En effet, les Charitables utilisaient ces légumes pour se protéger des maladies. De plus, ils portent lors de cette cérémonie une baguette blanche ornée d'un bouquet de thym (plante médicinale chargée d'éloigner les microbes), de buis (celui béni aux Rameaux) et des fleurs (dont le parfum doit dissiper les odeurs).
En juin, la confrérie organise une distribution de petits pains nommée la « quête des petits plombs ».
Photo de droite: M. Philippe Waymel, l'ancien prévôt (J-Marie Werquin), et le nouveau (Christian Coulon)
Reconnaissances : Les charitables ont reçu le soutien du roi Louis XIV, des présidents de la République Sadi Carnot, Raymond Poincaré, Albert Lebrun, Vincent Auriol, du président du Conseil Georges Clemenceau, du président du Sénat Alain Poher, et du chef du régime de Vichy, Philippe Pétain.
Ils ont également reçu des Indulgences des papes Grégoire XIII, Clément VIII, Urbain VIII et des lettres de Pie XII et de Jean-Paul II.
La Confrérie des Charitables a également reçu plusieurs couronnes civiques et médailles d'honneur de la Société nationale d'encouragement au Bien.
Pour leur dévouement lors de la première guerre mondiale, les Charitables ont été cités à l'ordre de l'Armée le 9 février 1917, à l'ordre de la Nation le 24 octobre 1918, reçu une lettre de félicitations du ministre de l'Intérieur le 8 avril 1921 et la médaille de la Reconnaissance française le 4 janvier 1938.
Fonctionnement actuel : La Confrérie est structurée en plusieurs associations loi 1901 propres à chaque commune ou à chaque quartier.